L’innocente victime, au terrestre s?jour,
N’a vu que le printemps qui lui donna le jour.
Rien n’est rest? de lui qu’un nom, un vain nuage,
Un souvenir, un songe, une invisible image.
Adieu, fragile enfant ?chapp? de nos bras:
Adieu, dans la maison d’o? l’on ne revient pas.
Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
La campagne d’?t? rend la ville d?serte;
Dans l’enclos paternel nous ne te verrons plus,
De tes pieds, de tes mains, de tes flancs demi-nus,
Presser l’herbe et les fleurs dont les nymphes de Seine
Couronnent tous les ans les coteaux de Lucienne.
L’axe de l’humble char ? tes jeux destin?, Par de fid?les mains avec toi promen?, Ne sillonnera plus les pr?s et le rivage.
Tes regards, ton murmure, obscur et doux langage,
N’inqui?teront plus nos soins officieux;
Nous ne recevrons plus avec des cris joyeux
Les efforts impuissants de ta bouche vermeille
A b?gayer les sons offerts ? ton oreille.
Adieu, dans la demeure o? nous nous suivrons tous,
O? ta m?re d?j? tourne ses yeux jaloux.
(Andre Marie de Chenier)
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