FRAGMENT I
Ah! tremble que ton ?me ? la sienne livr?e Ne s’en puisse arracher sans ?tre d?chir?e.
M?me au sein du bonheur, toujours dans ton esprit
Garde ce qu’autrefois les sages ont ?crit:
‘Une femme est toujours inconstante et futile,
Et qui pense fixer leur caprice mobile,
Il pense, avec sa main, retenir l’aquilon,
Ou graver sur les flots un durable sillon.’
FRAGMENT II
Que sert des tours d’airain tout l’appareil horrible?
Que servit ? Juno cet Argus si terrible,
Ce front, de jalousie arm? de toutes parts,
O? veillaient ? la fois cent farouches regards?
Mais quoi que l’on oppose et d’adresse et de force,
Quand nul don, nul app?t, nulle mielleuse amorce
Ne pourraient au dragon ravir l’or de ses bois,
Et du Triple Cerb?re assoupir les abois;
On t’aime, garde-toi d’abandonner la place.
Il faut oser. L’amour favorise l’audace.
Si l’envie ? te nuire aiguise tous ses soins,
Toi, pour te rendre heureux, tenterais-tu donc moins?
Il faut savoir contre eux tourner leurs propres armes;
Attacher leurs soup?ons ? de fausses alarmes;
Semer toi-m?me un bruit d’attaque, de danger;
Leur montrer sur ta route un flambeau mensonger.
Et tandis que par toi leur prudence ?gar?e
Rit, s’applaudit de voir ton attente frustr?e,
Aveugles, aupr?s d’eux ils laissent ?chapper
Tes pas, qu’ils d?fiaient de les pouvoir tromper.
Tel, car ainsi que toi c’est l’amour qui le guide,
Un fleuve, ? pas secrets, des campagnes d’?lide,
Seul, au milieu des mers, se fraye un sentier s?r, Parmi les flots sal?s garde un flot doux et pur,
Invisible, d’Enna va chercher le rivage,
Et l’amer T?thys ignore son passage.
FRAGMENT III
Aux bords o? l’on voit na?tre et l’Euphrate et le jour,
Plus d’obstacle et de crainte environne l’amour.
Aussi………………………………………….
………………………………………………
… Sans se pouvoir parler m?me des yeux,
On se parle, on se voit. Leur coeur ing?nieux
Donne ? tout une voix entendue et muette.
Tout de leurs doux pensers est le doux interpr?te.
D?sirs, crainte, serments, caresse, injure, pleurs,
Leurs dons savent tout dire; ils s’?crivent des fleurs.
Par la tulipe ardente une flamme est jur?e;
L’amarante immortelle atteste sa dur?e;
L’oeillet gronde une belle; un lis vient l’apaiser.
L’iris est un soupir; la rose est un baiser.
C’est ainsi chaque jour qu’une sultane heureuse
Lit en bouquet la lettre odorante, amoureuse.
Elle pare son sein de soupirs et de voeux;
Et des billets d’amour embaument ses cheveux.
(Andre Marie de Chenier)
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