_Au chevalier de Pange._
Le navire ?loquent, fils des bois du P?n?e,
Qui portait ? Colchos la Gr?ce fortun?e,
Craignant pr?s de l’Euxin les menaces du Nord,
S’arr?te, et se confie au doux calme d’un port.
Aux regards des h?ros le rivage est tranquille;
Ils descendent. Hylas prend un vase d’argile,
Et va, pour leurs banquets sur l’herbe pr?par?s,
Chercher une onde pure en ces bords ignor?s.
Reines, au sein d’un bois, d’une source prochaine,
Trois na?ades l’ont vu s’avancer dans la plaine.
Elles ont vu ce front de jeunesse ?clatant,
Cette bouche, ces yeux. Et leur onde ? l’instant
Plus limpide, plus belle, un plus l?ger z?phire,
Un murmure plus doux l’avertit et soupire.
Il accourt. Devant lui l’herbe jette des fleurs;
Sa main errante suit l’?clat de leurs couleurs;
Elle oublie, ? les voir, l’emploi qui la demande,
Et s’?gare ? cueillir une belle guirlande.
Mais l’onde encor soupire et sait le rappeler.
Sur l’immobile ar?ne il l’admire couler,
Se courbe, et, s’appuyant ? la rive penchante,
Dans le cristal sonnant plonge l’urne pesante.
De leurs roseaux touffus les trois nymphes soudain
Volent, fendent leurs eaux, l’entra?nent par la main
En un lit de joncs frais et de mousses nouvelles.
Sur leur sein, dans leurs bras, assis au milieu d’elles,
Leur bouche, en mots mielleux o? l’amour est vant?, Le rassure et le loue et flatte sa beaut?. Leurs mains vont caressant sur sa joue enfantine
De la jeunesse en fleur la premi?re ?tamine,
Ou s?chent en riant quelques pleurs gracieux
Dont la frayeur subite avait rempli ses yeux.
‘Quand ces trois corps d’alb?tre atteignaient le rivage,
D’abord j’ai cru, dit-il, que c’?tait mon image
Qui, de cent flots bris?s prompte ? suivre la loi,
Ondoyante, volait et s’?lan?ait vers moi.’
Mais Alcide inquiet, que presse un noir augure,
Va, vient, le cherche, crie aupr?s de l’onde pure:
‘Hylas! Hylas!’ Il crie et mille et mille fois.
Le jeune enfant de loin croit entendre sa voix;
Et du fond des roseaux, pour le tirer de peine,
Lui r?pond une voix non entendue et vaine.
De Pange, c’est vers toi qu’? l’heure du r?veil
Court cette jeune idylle au teint frais et vermeil.
Va trouver mon ami, va, ma fille nouvelle,
Lui disais-je. Aussit?t, pour te para?tre belle,
L’eau pure a ranim? son front, ses yeux brillants;
D’une ?troite ceinture elle a press? ses flancs;
Et des fleurs sur son sein, et des fleurs sur sa t?te,
Et sa fl?te ? la main, sa fl?te qui s’appr?te
A d?fier un jour les pipeaux de Segrais,
Seuls connus parmi nous aux nymphes des for?ts.
(Andre Marie de Chenier)
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