Voici la nuit pleine d’?moi !
J’entends le souffle autour de moi,
Des ?tres dormant sous mon toit.
L’on dirait, dans le grand silence.
Le souffle ?ternel qui commence,
Le souffle de la Nuit immense,
Le Cour de la Nuit en ?moi :
L’heure o? les id?es ont une ombre
Qui s’ agrandit sur les d?combres
Des nos vains mensonges fuyants;
L’heure o? sait plus un simple chant
Que la science et que les nombres
Pour le triste cour haletant :
L’heure o? les id?es ont une ombre.
Voici la V?rit? para?tre
Comme un fant?me dans la nuit!
De m?me que devant un ma?tre
Des enfants qui faisaient du bruit
Se taisent, la vanit? fuit
(Pour revenir demain peut – ?tre)
Voyant la V?rit? para?tre . . .
Oh! qu’ai-je fait de ma journ?e
De jeunesse et d’amour par?e?
Cette heure est l’heure o? l’on se ta?t.
Quoi? Sans avoir encor rien fait,
Faut-il dormir l’?me apais?e?
Mon ?me crie inconsol?e:
” Oh ! qu’ai-je fait de una journ?e? ”
Voici le temps qui marche vite,
La vie en h?te qui nous quitte . . .
(On entend ses pas dans la nuit)
Mon cour comme un oiseau s’agite,
Sa cage est le temps, trop petite ….
L’horloge a fait son petit bruit;
Voici le temps qui marche vite.
C’est r heure des agonisants !
Religieux, religieuses
Se sont lev?s dans les couvents;
Et sous la lueur des veilleuses
Ils font leurs offrandes pieuses
Devant un grand Christ tout en sang.
C’est r heure des agonisants !
J’entends un sifflement aigu
Qui par des chemins inconnus
Se prolonge comme une plainte. . .
Dans la nuit il laisse une empreinte
De tristesse vague ou de crainte . . .
– Sont-ce des adieux r?pandus?
J’entends un sifflement aigu;
C’est un train, un bateau qui part
– Vers quelle vaste solitude? –
Sur la mer ou la terre rude . . .
Peut-?tre de tristes d?parts,
Et des pleurs cach?s aux regards !
Sous le ciel et sa pl?nitude,
C’est un train, un bateau qui part.
Voila les p?rils du dehors !
– Et ceux qui ne sont pas rentr?s,
Et ceux qui se sont ?gar?s
Dans une double obscurit?!
Les chiens hurlent: “Voici la mort!”
Pour les ?mes et pour les corps
Voil? les p?rils du dehors.
Beaucoup dorment tranquillement
R?vant des projets de la veille,
D?j? bless?s mortellement
D’un mal qui dans leur corps s’?veille
Invisible aux yeux qui sommeillent;
Sans voir son pas fun?bre et lent,
Beaucoup dorment tranquillement.
J’entends aussi battre mon cour;
Il voudrait ?tre un cour d’ap?tre;
Il bat pour moi, il bat pour d’autres
– O vous tous qui souffrez ! – J’ai peur !
Par nos doutes et nos douleurs
J’entends aussi battre mon cour.
Oh, oui, mon Dieu! ce cour qui veille!
Ce pauvre cour tout angoiss?
Ecoutant la mort qui sommeille
Toujours trop pr?s des bien-aim?s !
– Et leurs feux sont – ils allum?s?
Ainsi qu’ une lampe vermeille
Voici pour eux, mon cour qui veille !
Je sais dans la nuit des naissances
Apportant la joie aux foyers.
– De d?tresses, des d?livrances! –
Aussi pour les intelligences
Que le souffle vient visiter,
Que de choses dans le silence !
Dans la nuit voici des naissances . . .
Il faut que je prie ? genoux:
Seigneur, ayez piti? de nous
A cause des maux qui nous guettent!
(M?me sous des appr?ts de f?te.
M?me dans le cour qui refl?te
La paix divine et sans courroux)
– Il faut que je prie ? genoux.
On ne peut penser sans effroi
Au cimeti?re qui repose
Loin, dans la nuit et le vent froid.
Oh ! si l’on n’avait pas de foi !
Oh ! ceux qu’on aime plus que soi !
La Mort affreuse… non, je n’ose:
On n’y peut penser sans effroi. . .
A travers ma vitre une ?toile
Qui parle de vie et d’espoir!
(Et ce qu’ elle laisse entrevoir,
Et l’Infini qu’elle d?voile!)
Malgr? la Mort et le ciel noir,
Non; je ne puis pas ne pas voir
A travers ma vitre une ?toile!
Et cette ?toile vient ? moi !
Elle est r Harmonie et la Loi ;
Elle est la Nuit pleine d’?moi,
Et la Lumi?re et le brin d’herbe.
Elle est l’Amour qui nous pr?serve . . .
L’Etoile c’est Vous! C’est le Verbe!
Et cette Etoile vient ? moi . . .
(Delfina Bunge de Galvez)
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