S’il est un buisson quelque part
Borde de blancs fraisiers ou de noires prunelles,
Ou de l’oeil de la Vierge aux riantes prunelles,
Dans le creux des fosses, a l’abri d’un rempart
!….
Ah! si son ombre printaniere
Couvrait avec amour la pente d’un ruisseau,
D’un ruisseau qui bondit sans souci de son eau,
Et qui va rejouir l’espoir de la meuniere!….
Si la liane aux blancs cornets
Y roulait en noeuds verts sur la branche embellie!
S’il protegeait au loin le muguet, l’ancolie,
Dont les filles des champs couronnent leurs
bonnets!
Si ce buisson, nid de l’abeille,
Attirait quelque jour une vierge aux yeux doux,
Qui viendrait en dansant, et sans penser a nous,
De boutons demi-clos enrichir sa corbeille!….
S’il etait aime des oiseaux;
S’il voyait sautiller la mesange hardie;
S’il surveillait parfois la linotte etourdie,
Echappee en boitant au piege des reseaux!
S’il souriait, depuis l’aurore,
A l’abord inconstant d’un leger papillon,
Tout bigarre d’azur, d’or et de vermillon,
Qui va, vole et revient, vole et revient encore!
Si dans la brulante saison,
D’une nuit sans lumiere eclaircissant les voiles,
Les vers luisants venaient y semer leurs etoiles,
Qui de rayons d’argent blanchissent le gazon!….
Si, longtemps, des feux du soleil
Il pouvait garantir une fosse inconnue!
Enfants! dites-le-moi, l’heure est si bien venue!
Il fait froid. Il est tard. Je souffre, et j’ai
sommeil.
(Charles Nodier)
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